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== B - Quelle(s) méthode(s) ? ==
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=== Des données à l’ontologie ===
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virginie.pringuet(a)a-p-a-c-k.org
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=== Introduction ===
Les sciences du patrimoine regroupent une diversité de domaines d’intervention et d’expertise allant de l’identification du patrimoine (inventaire) à sa restauration, en passant par sa conservation, sa médiation ou encore sa diffusion. Elles concourent à l’étude des modes d’existence des œuvres (terme emprunté à Etienne Souriau) en retraçant les événements survenus tels que la création, la découverte, le dégradation ou la destruction, les outils, techniques, matériaux mais aussi les acteurs ayant joué un rôle notable (créateur, commissaire, etc.) ou encore les différents lieux (de création, d’exposition, de conservation, etc.).
Par nature interdisciplinaire, les sciences du patrimoine sont particulièrement favorables aux approches transversales réunissant professionnels, chercheurs et parfois publics, de différents domaines patrimoniaux (histoire et informatique, archéologie et architecture, patrimoine matériel et immatériel, archives, musées et bibliothèques, etc.).
Chacun de ces domaines a son langage, ses usages et ses pratiques propres, ses méthodes et résultats scientifiques. De la spécificité des savoirs résultent le morcellement et la fragmentation de la connaissance patrimoniale à la croisée de ces différentes disciplines. Ainsi les savoirs de plus en plus nombreux et fragmentés à l’ère numérique entrent-ils en contradiction avec l’intelligibilité (noos) qui ne peut se construire que sur une forme recomposée, unifiée.
« Paradoxalement le savoir nombreux est restreint, chaque savoir n’est valable que pour le domaine où il s’applique. Plus ces domaines se multiplient, plus la fragmentation de la connaissance augmente, enfermant les savoirs particuliers dans d’étroites limites » (Cauquelin, 2015, p.33).
Afin de cerner les enjeux du décloisonnement et de l’ouverture -institutionnelle et informatique- des "lieux de savoirs" (Jacob, 2014) et des "lieux pour penser" (Mairesse, 2018) que sont les institutions patrimoniales et leurs instances numériques, les patrimoines numérisés sont appréhendés dans ce chapitre par le biais du patrimoine muséal. Cette contribution porte plus spécifiquement sur l’usage des mots utilisés pour décrire les œuvres (terminologie, vocabulaires métiers et thésaurus) jusqu’à la mise en dialogue des collections grâce à la structuration sémantique des données (taxonomies, ontologies).
=== 1- Architecture de l'information: données, métadonnées, taxonomies, ontologies ===
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=== 2- Des données à l’interprétation, quelles limites ? ===
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=== 3-De la sémantique des inventaires aux patrimoines en contextes ===
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utilisateurs ignorent qu’elles contiennent des informations de géolocalisation).
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==== Pistes de réflexion : ====
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● Métadonnées de classification et métadonnées sémantiques. Métadonnées
● Métadonnées de classification et métadonnées sémantiques. Métadonnées
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==== Bibliographie ====
====Bibliographie====


● HILLMANN, Diane Ileana et WESTBROOKS, Elaine L. Metadata in practice . American
● HILLMANN, Diane Ileana et WESTBROOKS, Elaine L. Metadata in practice . American

Version du 16 mars 2021 à 10:02

B - Quelle(s) méthode(s) ?

Des données à l’ontologie

Virginie Pringuet

virginie.pringuet(a)a-p-a-c-k.org


Introduction

Les sciences du patrimoine regroupent une diversité de domaines d’intervention et d’expertise allant de l’identification du patrimoine (inventaire) à sa restauration, en passant par sa conservation, sa médiation ou encore sa diffusion. Elles concourent à l’étude des modes d’existence des œuvres (terme emprunté à Etienne Souriau) en retraçant les événements survenus tels que la création, la découverte, le dégradation ou la destruction, les outils, techniques, matériaux mais aussi les acteurs ayant joué un rôle notable (créateur, commissaire, etc.) ou encore les différents lieux (de création, d’exposition, de conservation, etc.).

Par nature interdisciplinaire, les sciences du patrimoine sont particulièrement favorables aux approches transversales réunissant professionnels, chercheurs et parfois publics, de différents domaines patrimoniaux (histoire et informatique, archéologie et architecture, patrimoine matériel et immatériel, archives, musées et bibliothèques, etc.).

Chacun de ces domaines a son langage, ses usages et ses pratiques propres, ses méthodes et résultats scientifiques. De la spécificité des savoirs résultent le morcellement et la fragmentation de la connaissance patrimoniale à la croisée de ces différentes disciplines. Ainsi les savoirs de plus en plus nombreux et fragmentés à l’ère numérique entrent-ils en contradiction avec l’intelligibilité (noos) qui ne peut se construire que sur une forme recomposée, unifiée.


« Paradoxalement le savoir nombreux est restreint, chaque savoir n’est valable que pour le domaine où il s’applique. Plus ces domaines se multiplient, plus la fragmentation de la connaissance augmente, enfermant les savoirs particuliers dans d’étroites limites » (Cauquelin, 2015, p.33).


Afin de cerner les enjeux du décloisonnement et de l’ouverture -institutionnelle et informatique- des "lieux de savoirs" (Jacob, 2014) et des "lieux pour penser" (Mairesse, 2018) que sont les institutions patrimoniales et leurs instances numériques, les patrimoines numérisés sont appréhendés dans ce chapitre par le biais du patrimoine muséal. Cette contribution porte plus spécifiquement sur l’usage des mots utilisés pour décrire les œuvres (terminologie, vocabulaires métiers et thésaurus) jusqu’à la mise en dialogue des collections grâce à la structuration sémantique des données (taxonomies, ontologies).


1- Architecture de l'information: données, métadonnées, taxonomies, ontologies


2- Des données à l’interprétation, quelles limites ?


3-De la sémantique des inventaires aux patrimoines en contextes



La numérisation, parce qu’elle transforme l’objet et appauvrit les informations qu’il comporte, implique de documenter la représentation numérique pour compenser les pertes ainsi produites et induit donc l’utilisation de métadonnées. Or, si le monde de la recherche utilise des métadonnées, nombreux sont ceux qui le font sans presque en avoir conscience. Définir la métadonnée comme une donnée sur la donnée pose la question de l’enrichissement. Sémantisation, taxonomies, thésaurus, ontologies et indexation : autant d’instances de cette opération de contextualisation.

Il importe ainsi de faire la démonstration du construit des données et des métadonnées en analysant “les méthodes scientifiques de constitution des données qui relèvent d'une construction et qu'il faut donc distinguer d'une vérité miracle qui apparaîtrait dans de simples extractions” (Le Deuff, 2017). Les données comme des éléments de captation (Dodge et Kitchin, 2011), des capta (Johanna Drucker), ou encore des obtenues (Latour, 2012) signifie qu'il faut considérer à la fois les processus d'acquisition des données, d’enrichissement en métadonnées mais également les méthodes d’accessibilité, de traitement, d’interprétation, visualisation de l'information. La métadonnée relève d’un choix – elle implique des contraintes, car il faut des critères de décision –, qui est par nature infiniment subjectif (la métadonnée comme la donnée n’est jamais aussi objective que l’on peut le croire). D’où des questions connexes : quelle est la limite lors de l’ajout de métadonnées ? Où faut-il s’arrêter ? Quel champ veut-on couvrir ? Il est essentiel d’avoir conscience que l’exhaustivité est impossible. La métadonnée ne doit pas être une fin en soi, il ne faut pas devenir esclave de l’outil. La métadonnée est une forme particulière de donnée qui décrit ses attributs et lui donne une signification, un contexte et une organisation. Il s’agit en d’autres termes d’un ensemble structuré de données créé pour fournir des informations sur des ressources numériques. Elles ont différentes fonctions : la gestion des ressources décrites ; les informations sur le contenu de la ressource pour en faciliter la découverte. Les métadonnées viennent après les données (bien que toute donnée numérique implique dès l’origine des métadonnées), elles sont une étape supplémentaire, ce sont des données sur les données. Elles permettent de catégoriser les données. Pour penser les métadonnées, il faut d’abord définir les données (qu’elles soient brutes ou en construction). Certes, l’élément numérisé est une donnée complexe, mais nous considèrerons, de façon axiomatique, qu’il est la donnée brute. Dans le cadre des études littéraires, par exemple, le texte numérisé est une donnée brute, qu’il faut documenter, historiciser, enrichir grâce aux métadonnées. Les métadonnées doivent être déterminées en fonction du projet, en fonction du public (exemple : quelle est la nécessité de renseigner, grâce à des métadonnées, la spatialité des lettres de Zola ? pour quel(s) usage(s) ? Quel est l’intérêt scientifique d’un codage complexe de l’information ? On peut être purement utilitariste, ne considérer la création de métadonnées qu’immédiatement exploitables, ou travailler pour les chercheurs de demain, en fabricant des corpus, des outils pour la recherche future. Dans cette perspective, il faut considérer la métadonnée comme une unité éditoriale, qui s’inscrit dans un système cohérent. Les métadonnées s’emboîtent pour former une systémique interne. Il faut d’abord penser la métadonnée pour son usage. Il faut la penser pour permettre l’appropriation de la donnée, du savoir. Les métadonnées doivent permettre de construire de l’information à partir d’une représentation. La métadonnée vient tenter de décrire le réel, car le numérique s’est exonéré du matériel, de la matérialité des choses (en ce sens, la métadonnée ajoute à l’illusion numérique). La métadonnée est souvent invisible, il s’agit donc de la convoquer (exemple des métadonnées sur les images prises à partir de téléphone portable : la plupart des utilisateurs ignorent qu’elles contiennent des informations de géolocalisation).

Pistes de réflexion :

● Métadonnées de classification et métadonnées sémantiques. Métadonnées factuelles et heuristiques. Ces distinctions sont-elles utiles ?

● Comment décrire et documenter la constitution des données, des métadonnées, des corpus ?

● De la même façon que le langage construit le monde, la métadonnée construit la donnée. Il s’agit de questionner le rôle des métadonnées qui peuvent aider à construire à structurer la pensée. La métadonnée nous renseigne sur notre relation au savoir et sur notre vision du monde.

● Une éthique de la métadonnée (dans leur dimension à la fois politique et pédagogique) ? Éthique pour protéger les libertés individuelles, mais aussi une éthique épistémologique. Principes FAIR de la science ouverte: Les principes FAIR visent à assurer la production et la diffusion de produits de la recherche Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables et Réutilisables (liste des principes FAIR).

● Les données et les métadonnées sont indissociablement liées au thésaurus, à la taxonomie et à l’ontologie au sein desquels elles sont créées, structurées, articulées.

● Quelle est la temporalité de la métadonnée : indexation avant ou après la numérisation ? En cours de numérisation ? Quelle pérennité des métadonnées ? Mises à jour ?


Bibliographie

● HILLMANN, Diane Ileana et WESTBROOKS, Elaine L. Metadata in practice . American Library Association, 2004.

● LOPATIN, Laurie. Metadata practices in academic and non-academic libraries for digital projects: A survey. Cataloging & Classification Quarterly , 2010, vol. 48, no 8, p. 716-742.

● MA, Jin. Managing metadata for digital projects. Library Collections, Acquisitions, and Technical Services , 2006, vol. 30, no 1-2, p. 3-17.

● MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION. Feuille de route stratégique - Métadonnées culturelles et transition Web 3.0 [En ligne]. Disponible sur : < http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/64776-feuille-de-route-strategique-metadonnees-culturelles-et-transition-web-3-0.pdf#page=2&zoom=auto,-61,564 >

● PENEVA J., IVANOV S., SOTIROVA K., DONEVA R., DOBREVA M. « Access to Digital Cultural Heritage: Innovative Applications of Automated Metadata Generation Chapter 1: Digitization of Cultural Heritage – Standards, Institutions, Initiatives. ». In : Access to Digital Cultural Heritage: Innovative Applications of Automated Metadata Generation [En ligne]. Plodvid : Plovdiv University Publishing House "Paisii Hilendarski", p. 25-67. Disponible sur : < http://eprints.nbu.bg/1479/ >ISBN : 9789544237226.

● WESTEEL, Isabelle et MUNICIPALE DE LILLE, Bibliothèque. Patrimoine et numérisation: la mise en contexte du document. Bibliothèque numérique de l’enssib , 2004.

● Lunenfeld, Peter, Anne Burdick, Johanna Drucker, Todd Presner, and Jeffrey Schnapp. Digital_humanities. MIT Press, 2012. Disponible sur : https://mitpress.mit.edu/sites /default/files/titles/content/9780262018470_Open_Access_Edition.pdf