III-A

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Les institutions culturelles sont familières des études d’usages, sous différentes formes: études de fréquentation, études de publics, enquêtes de satisfaction, études d’audience, etc. On se demandera dans cette troisième partie si la transposition des études de fréquentation des lieux physiques à la fréquentation de lieux ouverts par la numérisation est pertinente.

Il s’agit dans tous les cas d’études d’usages, peu réinvestissables, a priori , dans les études de pratiques. On aurait cependant intérêt à faire dialoguer ces deux approches, en gardant à l’esprit que l’ensemble des pratiques culturelles d’un groupe donné n’est jamais que la somme des usages des diverses ressources qui sont à sa portée. Certaines enquêtes d’usages amorcent d’ailleurs ce rapprochement en interrogeant les usagers sur leurs autres pratiques culturelles. Les méthodes d’investigation et les sources d’information demandent elles aussi à être réévaluées sous cet angle : enquêtes, questionnaires, capteurs, eye-tracking, analyse de logs, etc.

Au-delà de cette question méthodologique se profile celle de la mutation des usages et des pratiques : les visiteurs de musées ont-ils réinvesti dans leur visite des sites Web des mêmes musées une partie des comportements, des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être précédemment acquis ? Les emprunteurs de livres numériques en bibliothèques conservent-ils les attitudes et les représentations issues de leur fréquentation des bibliothèques physiques ? Le “visiteur” d’un site Web est-il comparable au “visiteur” d’un musée ? Les visites en ligne et in situ sont-elles devenues complémentaires alors qu’elles étaient parfois perçues par les institutions comme concurrentes : des pratiques en ligne “avant” et “après” la visite sur place et des pratiques renouvelées pendant la visite sur site, en présence des oeuvres ? La logique du passage de l’étude des usages à celle des pratiques amène enfin à concevoir la pratique institutionnelle de l’étude d’usages dans la continuité de l’étude des pratiques culturelles des publics de ces institutions. Elles constituent un même système de prescription, de médiation, de reconnaissance, de transmission du capital culturel. La numérisation rend plus évidente et plus urgente la prise en compte globale de ces mécanismes.