Modification de III-A-4

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L’invention du magnétoscope et la circulation des films, d’abord sous forme de cassettes VHS puis de DVD, et enfin de fichiers <u>dématérialisés<!-- numériques --></u>, ont en effet révolutionné nos habitudes de spectateurs: à partir d’un DVD, ou d’une plateforme de visionnage, on peut désormais regarder un film ailleurs que dans un cinéma (de fait, la plupart d’entre nous voient ou revoient plus de films par ce biais qu’en salle), mais aussi le télécharger ou le copier partiellement ou en totalité. En dépit des restrictions techniques et légales imposées par les détenteurs de droit (qu’il s’agisse des auteurs, producteurs ou diffuseurs), dupliquer des images de film est devenu un geste courant, et même si l’archive reste sélective, avec un cinéma classique ou commercial surreprésenté, il faudrait au cinéphile plusieurs vies pour parcourir la collection de titres devenus accessibles grâce à la numérisation.  
L’invention du magnétoscope et la circulation des films, d’abord sous forme de cassettes VHS puis de DVD, et enfin de fichiers <u>dématérialisés<!-- numériques --></u>, ont en effet révolutionné nos habitudes de spectateurs: à partir d’un DVD, ou d’une plateforme de visionnage, on peut désormais regarder un film ailleurs que dans un cinéma (de fait, la plupart d’entre nous voient ou revoient plus de films par ce biais qu’en salle), mais aussi le télécharger ou le copier partiellement ou en totalité. En dépit des restrictions techniques et légales imposées par les détenteurs de droit (qu’il s’agisse des auteurs, producteurs ou diffuseurs), dupliquer des images de film est devenu un geste courant, et même si l’archive reste sélective, avec un cinéma classique ou commercial surreprésenté, il faudrait au cinéphile plusieurs vies pour parcourir la collection de titres devenus accessibles grâce à la numérisation.  


L’avènement du numérique a ainsi contribué à nourrir une tendance « archivistique » qui touche aussi bien l’usager lambda, l’artiste, le curateur que le chercheur. Les modes d’appropriation, créatifs et démocratiques, parasitiques ou vampiriques, de l’archive cinématographique numérisée, ont fait l’objet d’une pléthore d’ouvrages et d’articles, marqués par une polarisation des approches, selon qu’elles émanent des théoriciens et des historiens du cinéma, des théoriciens des « nouveaux médias » ou des historiens de l’art. Quand il est envisagé sous ses formes artistiques, ce penchant contemporain pour l’exploitation de l’archive et du débris, personnifié par la figure de l’artiste en historien-chiffonnier<ref>Berdet Marc, « Chiffonnier contre flâneur. Construction et position de la Passagenarbeit de Walter Benjamin », ''Archives de Philosophie'', 2012/3 (Tome 75), pp. 425-447. Beatrice Hanssen, sous la dir. de., ''Benjamin and the Arcades project'', London: Continuum, 2006, en particulier Irving Wohlfarth « Et Cetera? The Historian as Chiffonier », pp.12-33, et Susan Buck-Morss « The Flâneur, the Sandwichman and the Whore: The Politics of Loitering », pp.33-66.</ref>, est généralement considéré comme participant de la critique des modes de production capitalistes et de l’histoire officielle, dans la veine du matérialisme historique de Walter Benjamin (Beauvais et Bouhours 2000, Bourriaud 2003, Foster 2004, Verwoert 2007, Russell 2018). Certaines études de corpus se sont essayées à établir une typologie précise et exhaustive (Kim 2018). D’autres s’inscrivant plus librement dans la tradition des modèles de l’atlas Warburgien et du musée imaginaire de Malraux, se sont appliquées à identifier et à analyser les gestes formels et les figures esthétiques d’un ensemble d’œuvres de remploi réalisées par des artistes cinéastes et vidéastes, en soulignant la dimension subversive du détournement artistique (Blümlinger 2013, Russell 2018, Mulvey 2019). Cependant, lorsqu’il implique l’immense ‘banque d’images’ cinématographiques numérisées, le remploi se caractérise par l’amplitude et l’hétérogénéité de son corpus et dépasse largement les frontières du domaine de l’art, mettant en relief des logiques plus ambigües de recyclage et de ‘partage’ de l’image. Les images de cinéma peuvent être directement recyclées à des fins de marchandisation (publicité, bandes annonces, menus de DVD …), tandis que la pratique de l’édition limitée qui s’applique aux vidéos d’artistes peut être interprétée comme une forme de confiscation de la culture populaire au profit d’une culture d’élite<ref>Ce qui suppose d’interroger les distinctions entre culture populaire et industrie culturelle initialement proposées par les penseurs de l’école de Francfort et synthétisées par Theodor Adorno dans “The Culture Industry Reconsidered”. Si la distinction reste pertinente, on constate, notamment dans les pratiques du ''founfootage'', que la culture populaire s’est appropriée et s’est employée à transformer certaines des productions de l’industrie culturelle. Theordor Adorno, “The Culture Industry Reconsidered”, ''New German Critique'', 6: 1975, pp. 12-19, reproduced in ''The Media Studies Reader'', eds P.Marris and S.Thornham, Edinburgh: E.U.P, 1999, pp. 31-38.</ref>.  
L’avènement du numérique a ainsi contribué à nourrir une tendance « archivistique » qui touche aussi bien l’usager lambda, l’artiste, le curateur que le chercheur. Les modes d’appropriation, créatifs et démocratiques, parasitiques ou vampiriques, de l’archive cinématographique numérisée, ont fait l’objet d’une pléthore d’ouvrages et d’articles, marqués par une polarisation des approches, selon qu’elles émanent des théoriciens et des historiens du cinéma, des théoriciens des « nouveaux médias » ou des historiens de l’art. Quand il est envisagé sous ses formes artistiques, ce penchant contemporain pour l’exploitation de l’archive et du débris, personnifié par la figure de l’artiste en historien-chiffonnier<ref>Berdet Marc, « Chiffonnier contre flâneur. Construction et position de la Passagenarbeit de Walter Benjamin », ''Archives de Philosophie'', 2012/3 (Tome 75), pp. 425-447. Beatrice Hanssen, sous la dir. de., ''Benjamin and the Arcades project'', London: Continuum, 2006, en particulier Irving Wohlfarth « Et Cetera? The Historian as Chiffonier », pp.12-33, et Susan Buck-Morss « The Flâneur, the Sandwichman and the Whore: The Politics of Loitering », pp.33-66.</ref>, est généralement considéré comme participant de la critique des modes de production capitalistes et de l’histoire officielle, dans la veine du matérialisme historique de Walter Benjamin (Beauvais et Bouhours 2000, Bourriaud 2003, Foster 2004, Verwoert 2007, Russell 2018). Certaines études de corpus se sont essayées à établir une typologie précise et exhaustive (Kim 2018). D’autres s’inscrivant plus librement dans la tradition des modèles de l’atlas Warburgien et du musée imaginaire de Malraux, se sont appliquées à identifier et à analyser les gestes formels et les figures esthétiques d’un ensemble d’œuvres de remploi réalisées par des artistes cinéastes et vidéastes, en soulignant la dimension subversive du détournement artistique (Blümlinger 2013, Russell 2018, Mulvey 2019). Cependant, lorsqu’il implique l’immense ‘banque d’images’ cinématographiques numérisées, le remploi se caractérise par l’amplitude et l’hétérogénéité de son corpus et dépasse largement les frontières du domaine de l’art, mettant en relief des logiques plus ambigües de recyclage et de ‘partage’ de l’image. Les images de cinéma peuvent être directement recyclées à des fins de marchandisation (publicité, bandes annonces, menus de DVD …), tandis que la pratique de l’édition limitée qui s’applique aux vidéos d’artistes peut être interprétée comme une forme de confiscation de la culture populaire au profit d’une culture d’élite[[III-A-4#sdfootnote3sym|<sup>3</sup>]].  


A défaut de pouvoir faire ici un panorama complet, on se concentrera, dans ce qui suit, sur la poursuite du foundfootage à des fins artistiques. Deux dimensions clefs de l’appropriation et de l’artification (l’incorporation au monde de l’art d’un matériau issu d’un medium ‘populaire’)<ref>Le terme « artification » a été proposé par Roberta Shapiro pour décrire le processus par lequel des objets, personnes ou pratiques sont reconnues comme participant de l’art et de la création artistique. ''De l'artification : enquêtes sur le passage à l'art,'' sous la dir. de Nathalie Heinich, Roberta Shapiro, Paris : EHESS, 2012.</ref> seront évoquées: la question de la copie d’une part, et celle, qui en découle, des droits d’auteur.
A défaut de pouvoir faire ici un panorama complet, on se concentrera, dans ce qui suit, sur la poursuite du foundfootage à des fins artistiques. Deux dimensions clefs de l’appropriation et de l’artification (l’incorporation au monde de l’art d’un matériau issu d’un medium ‘populaire’)<ref>Le terme « artification » a été proposé par Roberta Shapiro pour décrire le processus par lequel des objets, personnes ou pratiques sont reconnues comme participant de l’art et de la création artistique. ''De l'artification : enquêtes sur le passage à l'art,'' sous la dir. de Nathalie Heinich, Roberta Shapiro, Paris : EHESS, 2012.</ref> seront évoquées: la question de la copie d’une part, et celle, qui en découle, des droits d’auteur.
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